Environnement urbain, enjeux sociaux

L’hétérogénéité de l’environnement urbain de l’agglomération marseillaise et les formes de fragmentation socio-spatiale observées constituent un axe transversal de recherches au Laboratoire Population Environnement Développement. Les approches de géographie urbaine et sociales que nous développons ont joué leur rôle  dans la construction de ces questions. Depuis l’échelle spatiale très fine des travaux de terrain vers une approche élargie des processus de la ville au territoire, il s’agit d’articuler des changements d’échelles et les dynamiques temporelles sur le temps court des pratiques quotidiennes aux, sur le moyen terme (changements des modes d’occupation des sols, actions publiques) et sur le temps long (changement climatique, sociodémographique…). Les enquêtes de terrain menées dans ce cadre ont permis de qualifier les fortes disparités de l’appréhension du confort résidentiel, liées au site, à la morphologie du bâti, à la distribution des espaces verts, etc , permettant de caractériser des  interactions entre les formes de l’urbanisation, la préservation d’espaces de nature en ville, leur accessibilité, la “qualité environnementale  perçue par les habitants” ainsi que des enjeux d’inégalités environnementales.

Dans ce domaine, les études pilotées par E.Dorier  au cours de la dernière décennie ont cherché à cerner la perception et les enjeux de la qualité environnementale du cadre de vie à Marseille. Elles ont été financées dans le cadre de l’ANR EUREQUA (2012-2016) qui , à partir d’une approche critique du cadre normatif de la “qualité environnementale” a exploré l’accessibilité aux aménités, et donc les formes d’inégalités sociales et environnementales à Marseille, Toulouse et Paris, combinant des approches factuelles (mesures du climat infra-urbain, mise en évidence de différenciations aux échelles fines des Ilots de Chaleur Urbains), des approches sociales (inégalités, sentiments d’injustice), ainsi que la prise en compte d’aspects sensibles des rapports à l’espace urbain. Ces études ont donné lieu à plusieurs publications collectives comparant les terrains parisien, toulousain et marseillais, notamment “La qualité environnementale au prisme de l’évaluation par les habitants. L’effet de quartz des disparités territoriales“. Plus largement, confrontées à d’autres terrains, elles ont donné lieu à l’édition d’un numéro thématique de la revue Méditerranée.

L’ensemble des réflexions ont permis de qualifier les perceptions sensibles de l’environnement urbain, tenant compte des ressentis (Manola, 2013), de représentations ou encore d’acceptabilité des nuisances (Boissonade et al., 2015 et 2016). Ces réflexions, en parties encore inédites, ont été diffusées lors d’une journée d’atelier ACDD (Approches critiques du développement durable organisée à Marseille, 4 avril 2017). Au sein de l’axe TRAMES du LPED, les questionnements ont porté sur l’effort environnemental inégal (C.Barthélémy, C Claeys, A Hérat et alii) et sur les contradictions entre la « transition écologique» prônée par les politiques publiques et la transition libérale qui tend à accentuer la fragmentation et les cloisonnements (E.Dorier, S.Bridier, J.Dario, D.Rouquier, P.Toth).

Ces travaux s’inscrivent dans un projet à plus long terme du LPED d’Observatoire Pluridisciplinaire de l’Environnement Urbain, qui a pour ambition de suivre l’évolution spatio-temporelle du « laboratoire marseillais », en collaboration au sein d’un réseau constitué des partenaires régionaux, scientifiques, collectivités et société civile.